Gaspésie
Du 13 au 26 août 2002

C'est par suite à un changement de carrière que je retrouve avec grand plaisir cette Gaspésie que j'aime tant. 12 années se sont écoulées depuis que j'y ai roulé pour la première fois, mais je garde encore en mémoire les superbes paysages et l'accueil chaleureux des gens de la place. 12 années qui ont vu passer tant de beaux moments, dont l'arrivée de deux belles petites filles. C'est en compagnie de l'une d'entre elles, ma fille aînée Lauriane de trois ans et demi, que je suis parti de Montréal en train, vers une belle aventure qui nous a permis de vivre une extraordinaire relation père-fille dans ce coin de pays magique qu'est la Gaspésie.


Voir le récit du voyage!


Nous avons en plus du récit, préparé de l'information que nous avons jugé pertinente à propos de faire un voyage à vélo dans cette région avec des enfants.
Comme c'était mon deuxième voyage à vélo en Gaspésie je savais donc à quoi m'attendre en terme de condition de route, trafic, et beaux endroits. La grande différence sera cette fois-ci... le budget! En 1991, étudiant au bac, j'étais passablement sans le sou et avait dormi un peu partout ainsi que mangé principalement ce que j'avais apporté avec moi dans mes sacoches. Ce ne sera pas aussi spartiate cette fois!

Ce n'était pas la première fois que Lauriane partait en voyage vélo, ayant déjà fait quelques sorties au Vermont ainsi que la véloroute des bleuets au Lac St-Jean. Cependant, c'est la première fois que je pars seul avec elle (et vice-versa!). Va t'elle s'ennuyer de son quotidien, vais-je me lasser de toujours être seul avec elle?.

Compte tenu de ma dernière expérience, je décide de ne pas emporter la carriole malgré tous les avantages qu'elle apporte, notamment un abri en cas de mauvais temps et un endroit confortable pour dormir. À mon avis, et je n'ai pas changé depuis, quelques sections de la 132 ne s'y prêtent guère, car sans accotements et les voitures y roulent très rapidement. Lauriane fera donc le voyage derrière moi assise dans son siège de vélo. Nous avons le modèle Roadgear qui offre un bon appui et une bonne protection latérale. Le désavantage est que le le siège occupe tout le support arrière et qu'il n'est plus possible d'y transporter quoi que ce soit d'autre. La solution que j'ai trouvé a été de mettre mes sacoches arrières sur mon support avant et de fixer de manières ingénieuses les sacoches avants à l'aide de crochets sous le siège de Lauriane. Un petit sac à dos accroché à l'aide de tendeurs au dos de celui-ci complétait le tout. Ce système c'est finalement avéré être très solide, sécuritaire et pratique.
  • Vêtements adultes et enfants pour 5 jours, manteaux, imperméables.
  • Trousse de réparation et outils pour démonter le vélo.
  • Appareil photo numérique, appareil photo jetable pour Lauriane.
  • Livres et guides.
  • Nécessaire dodo pour Lauriane dans un petit sac à dos accroché au dos de son siège; Matelas de sol gonflable, petite couverture, poupée.
Pour ce voyage, j'apporte une tente et le matériel nécessaire pour la cuisine, un chaudron, et le réchaud.

Faire le tour complet de la Gaspésie demande du temps, beaucoup de temps. La boucle à partir de Mont-Joli fait près de 1400km, ce qui implique des moyennes journalières au-dessus de 100km si on a que deux semaines. Avec les journées dédiées au repos, aux visites et au mauvais temps, il est plus raisonnable de prévoir 3 semaines. Mais cela reste tout de même assez sportif...

Je n'avais que deux semaines de disponible, voulais prendre mon temps et arrêter quand bon me semble. alors j'ai fait un choix, celui de ne faire que la section la plus pittoresque, qui à mon avis est le coté nord de la Gaspésie;
  • Beaucoup, beaucoup moins de trafic (Et surtout de camions)
  • Plus sauvage
  • En partant de Mont Joli on profite des forts vents dominants venant de l'ouest.
  • Petits villages typiques qui n'ont pas beaucoup changé depuis une vingtaine d'années.
  • Le fleuve, le fleuve, le fleuve...
Il est important de faire le trajet de l'ouest vers l'est, tout spécialement sur la côte nord de la Gaspésie. Les forts vents dominants rendant très difficile toute tentative de faire le trajet inverse. Je l'ai constaté à de nombreuses reprises lors de mes deux voyages,en croisant des cyclistes avançant péniblement la tête baissée, tandis que le vent me faisait presque avancer tout seul.

Mes deux voyages ont été réalisés les deux dernières semaines du mois d'août. La température fraîche est parfaite pour le vélo malgré que j'y ai eu quelques nuits assez froides (moins de 5 Celsius). L'autre élément important est que le nombre de touristes baisse considérablement après la mi-août, ce qui a comme impact majeur pour nous cyclistes une diminution marquée du trafic routier. À noter également qu'un bon miroir est un élément essentiel sur les routes de la Gaspésie pour pouvoir faire une conduite défensive lors de la rencontre de camions.

Assez simple de voyager avec nos vélos sur le train "Chaleur" de Viarail. Nous l'avions préalablement empaqueté dans une boîte de carton en incluant à l'intérieur tout le petit matériel; casques, pompes, sacoches, etc... Le problème majeur est que les horaires de train à partir de Montréal et à destination de la Gaspésie ne sont pas du tout pratiques pour des voyageurs désirant s'arrêter entre Québec et la baie des Chaleurs. Le train effectue ce trajet durant la nuit et c'est à 04H00 du matin que nous sommes arrivé à Mont-Joli, dernier village desservi par le réseau ferroviaire sur le nord de la péninsule gaspésienne. Il ne faut également pas trop compter sur la gare, car celle-ci n'ouvre que pour le passage du train et n'offre donc même pas de possiblités d'attendre à l'intérieur et au chaud le lever du jour... Cependant le trajet de retour, à partir de Gaspé est lui tout a fait adapté avec un départ en après-midi et un arrivé à Montréal au petit matin.





Carte de la région
Par Carte routière du Québec


Étapes quotidiennes
km
Cap Chat132
Camping du Mont-Albert60
Camping du Mont-Albert (Repos)5
La Martre63
Grande-Vallée84
Rivière-au-Renard66
Camping Forillon26
Camping Forillon (Repos)12
Cap-aux-Os21
Cap-aux-Os (Cap-Bon-Ami)31
Gaspé26

Profil altimétrique du voyage
L'altitude ainsi que les distances sont approximatives.


Nos endroits coup de coeur
St-Anne-des-Monts
Gîte du Mont-Albert
Cap-des-Rosiers
Grande-Vallée

Liens utiles
Première journée - 13 août 2002
Montréal - Mont-Joli (Train)
Distance du jour : 0 km
Niveau de difficulté
Difficile de dormir
Distance totale : 0 km

Ca y est, le train démarre lentement de la gare centrale de Montréal. Laurianne, le nez collé à la vitre regarde dehors, l'air tout emerveillée. Et moi, perdu dans mes pensées je savoure ce moment. Douze ans! Il y a douze ans c'est moi qui regardais par la fenêtre, quelque peu anxieux pour ce qui était alors mon premier voyage vélo en solitaire! Soudainement, juste après la sortie du tunnel, un petit sourire en coin naît discrètement sur mes lèvres. Juste en face, défilant devant moi comme un film au ralenti; mon ancienne vie... Je regarde passer l'édifice où j'occupais encore tout récemment le petit bureau vitré dans le coin de l'avant-dernier étage. Bye Bye, Au revoir, Auf Wiedersein, Hasta luego! Je suis libre maintenant...

La magie du train emporte Lauriane. À 3 ans et demi, elle ne réalise pas encore tout à fait ce qui lui arrive... Le souper en tête à tête au wagon restaurant restera un des points forts de cette belle journée et nous tentons maintenant de dormir un peu sur les sièges de notre wagon dont l'éclairage ne sera jamais complètement éteint de toute la nuit.

Photos du jour

Allez Laurianne! C'est le temps du dodo.

Deuxième journée - 14 août 2002
Mont-Joli - Cap Chat
Distance du jour : 132 km
Niveau de difficulté
Traffic beaucoup moins dense après Matane
En général plat avec de courtes montées
Distance totale : 132 km

04H00 du matin. Le chef de wagon nous réveille doucement. Mont-Joli 10 minutes! Dehors, la nuit noire. Le temps frais nous surprend à la sortie du train. Je place Laurianne sur un chariot à bagages transformé en petit lit pour l'occasion, le temps d'assembler le vélo et d'attendre le jour.

Il est 5 heures du matin lorsque nous traversons enfin le village endormi de Mont-Joli juste à temps pour assister un peu plus loin à un superbe lever de soleil. Seuls sur la 132, nous savourons ce moment magique, étonnamment silencieux, juste le bruit des vagues qui se brisent sur la côte et le roulement de nos pneux sur l'asphalte encore chargée de rosée matinale. Une ondée passagère nous forcent à nous abriter sous le porche d'une petite église à l'entrée du village de Baie-des-Sables. Un homme de la maison d'à coté nous offre spontanément le gîte le temps que la pluie passe. Lauriane aura même droit à un petit déjeuner. Quelle belle hospitalité! Et le voyage ne fait que commencer!

Le trafic devient de plus en plus chargé au fur et à mesure que la journée progresse. De plus, il n'y a pas d'accotements partout sur la 132 et cela me demande une attention constante, surtout lorsque nous croisons des camions lourds. Heureusement que j'ai mon miroir. Cependant, l'allure est bonne et à midi nous sommes déjà arrivé à Matane où nous faisons halte au parc des îles avec sa passe à Saumon.

Je ne sais pas trop à priori quelle sera notre destination aujourd'hui. Le beau temps nous pousse finalement jusqu'à quelques kilomètres avant le village de Cap-Chat et pour moi il s'agit d'un record de distance journalière à vélo; 125 kilomètres depuis ce matin. La propriétaire d'un petit restaurant sur le bord du fleuve nous permet de planter notre tente juste derrière, et c'est avec le bruit des vagues que nous nous endormons.

Photos du jour

5 heures du matin, seul sur la 132.


Sur la 132 vers Cap-Chat


Pause dîner à Matane




Camping venteux à Cap-Chat

Troisième journée - 15 août 2002
Cap Chat - Camping du Mont Albert
Distance du jour : 60 km
Niveau de difficulté
Bonnes montées pour rejoindre l'entrée du parc de la Gaspésie
Distance totale : 192 km

Nous arrivons tôt en avant-midi à Sainte-Anne-des-Monts, un de mes villages favoris de la côte. Assez gros pour y trouver tout ce dont nous avons besoin; restaurants, super-marché ainsi qu'un superbe port de plaisance. C'est là que nous passons la journée. Juste en face, la musée marin d'Explorama ainsi qu'un parc pour enfants avec une réplique d'un bateau de pirates en bois, ce qui fait le bonheur de Lauriane. Le fort vent d'ouest fait lever des embruns qui recouvrent la mer de moutons blancs. Un kiosque annonce des excursions en voilier, mais c'est complet aujourd'hui. Dommage, mais je note l'heure pour notre passage en sens inverse dans deux jours... Nous ferons tout de même un tour de bateau fort intéressant avec cueillette de spécimens marins. Et une baleine qui passait près de là réussi à arroser de son souffle le visage de Lauriane qui toute fière déclare qu'elle a reçu un baiser d'elle.

Il se fait tard, trop tard, près de 17H00 en fait, lorsque je commence la montée sur la 299 vers le camping du Mont-Albert. La qualité de la route s'est grandement améliorée depuis mon dernier passage ici. Elle est beaucoup plus large et moins sinueuse. L'entrée dans le village de Cap-Seize est spectaculaire avec le massif des Chics-Chocs en arrière-plan. Mais je suis de plus en plus crevé et les derniers kilomètres se font à pas de tortue dans un contre la montre avec l'obscurité grandissante. Ce n'est finalement qu'à la noirceur que nous nous présentons à la guérite du camping où dès mon entrée on m'annonce froidement que c'est complet et que je dois repartir! Ah oui? Si tu crois que je vais faire un kilomètre de plus... Le préposé en remarquant alors le vélo s'excuse et nous conduit vers le terrain de camping de groupe. "Il n'y pas de service, mais ici vous serez tranquille" dit-il. La tente montée, le sommeil ne se fait pas attendre.

Photos du jour

Sur le bateau d'excursion de Ste-Anne-des-Monts



Quatrième journée - 16 août 2002
Camping du Mont Albert (Repos)
Distance du jour : 5 km
Niveau de difficulté
Distance totale : 197 km

Nuageux et un peu de pluie aujourd'hui. Tant mieux, après les deux longues dernières journées, nous avons tous les deux besoins de repos. Au programme; visite au centre d'interprétation, petit sentier et pique-nique le long de la rivière.
Nous finissons la soirée à une des tables du gîte du Mont-Albert, que je ne manque pas de visiter à chaque fois que je me rends en Gaspésie. Excellente bisque d'écrevisses et rôti de sanglier pour moi, pintade pour Lauriane, qui se comporte comme une grande. Le temps d'un coup de téléphone à maman pour la rassurer que tout va bien et nous nous enfermons dans la tente pour la nuit.

Photos du jour

Lauriane sur la 299 devant le Mont-Albert


Souper gastronomique au Gite du Mont-Albert

Cinqième journée - 17 août 2002
Camping du Mont Albert - La Martre
Distance du jour : 63 km
Niveau de difficulté
Bonnes montées dans le parc de la Gaspésie
Relativement ensuite sur la 132
Distance totale : 260 km

La route du parc est très très belle. Elle longe la rivière St-Anne sur plusieurs kilomètres ce qui donne lieu à de nombreuses occasions de prendre en photo ses rapides, avec l'impressionnant massif vertical des monts Chics-Chocs dominant l'arrière-plan. Peu ou pas de trafic, quelques camions isolés tout au plus. Et une fois la bonne montée de Cap-Seize terminée, les 14 kilomètres suivants vers la mer descendent bien plus qu'ils ne montent. La fameuse balade en voilier quant à elle est manquée de 30 minutes malgré un petit sprint juste avant St-Anne-des-Monts. Bon. Ce sera pour une autre fois alors... Nous pique-niquons à nouveau au parc en face du port de plaisance et je ne me lasse pas de regarder les voiliers qui y sont amarrés. Un jour peut-être j'arriverai ici, moi aussi, par la mer.

A l'est de St-Anne-des-Monts, la 132 devient. Rendu à La Martre, selon le guide touristique il y a un gîte du passant ici. Je monte un quart d'heure sur un chemin à pic, juste pour nous faire dire qu'il n'y a pas de places de disponibles pour cette nuit. Je n'ai pas réservé d'avance, car je ne n'avais aucune idée où nous allions être rendus... J'aurais au moins espéré que la dame du gîte fasse un petit effort pour nous trouver un coin pour dormir, quitte même à ce que ce soit sur nos matelas de sol dans le salon, mais je sens bien malgré sa politesse que c'est peine perdue. Qu'à cela ne tienne, nous trouvons quelques kilomètres plus loin quelque chose de beaucoup mieux; De jolies petites cabanes à louer directement sur la mer. Et c'est avec un superbe coucher de soleil que cette belle journée s'achève.

Photos du jour

Sur la 299, vue sur les monts chics-chocs.


Notre petite cabane sur le bord de la mer.


Tout en haut au-dessus du village de La Martre

Sixième journée - 18 août 2002
La Martre - Grande-Vallée
Distance du jour : 84 km
Niveau de difficulté
Plat entre mer et falaise jusqu'à Rivière-Madeleine
Plusieurs difficiles montées jusqu'à Grande-Vallée
Distance totale : 344 km

J'anticipais cette journée depuis fort longtemps. C'est indiscutablement une des routes les plus belles qu'il m'ait été donné de faire à vélo. À partir de La Martre, et ce pendant près de 50 kilomètres, la 132 se retrouve littéralement coincée entre la mer et d'abruptes falaises, que seuls quelques villages pittoresques interrompent. C'est à Mont-St-Pierre que nous prenons notre déjeuner sur les tables à pique-nique en face du village. Le soleil radieux et un vent d'ouest soutenu s'unissent pour nous faire vivre une inoubliable journée de vélo.

Nous nous arrêtons pour dîner au phare de Rivière-Madeleine. Depuis notre premier phare rencontré à Matane, Lauriane a une fixation à chaque fois qu'on en voit un: "Je veux monter tout en haut!" Malheureusement, celui-ci tout comme celui de Matane ne se visite pas et comble de malchance nous sommes arrivés tout juste après l'heure de fermeture de celui de La Martre hier. Devant au loin sur la montagne en face, une petite ligne pâle qui contraste avec le vert de la forêt et monte en pente raide. C'est la fameuse côte de la Madeleine.

Etonnament, je l'ai trouvé beaucoup moins difficile que la dernière fois, peut-être parce que je savais à quoi m'attendre et que j'ai pu ainsi adapter mon rythme. Nous sommes en haut le temps de le dire, et sans marcher cette fois-ci! On ne voit plus beaucoup la mer sur cette section, mais les montées et descentes prononcées (toujours au moins du 10%) la rendent très captivante. Il faut cependant être sur ses gardes pour les rares camions que l'on croisent et qui n'ont pas beaucoup de marge de manoeuvre ici. Une crevaison sur ma chambre à air arrière juste avant la dernière montée pour le belvédère qui surplombe Grande-Vallée me permet de changer mon pneu qui est usé à la corde. Nous terminons la soirée, après un petit souper au restaurant, en prenant une marche sur le long quai de Grande-Vallée dont les roches sont toutes peintes de dessins amusants.

Photos du jour

Déjeuner à Mont-St-Pierre




Vue imprenable sur Grande-Vallée


Superbe halte routière coincée entre la mer et la route 132


Après le souper sur le quai décoré de Grande-Vallée

Septième journée - 19 août 2002
Grande-Vallée - Rivière-aux-Renards
Distance du jour : 66 km
Niveau de difficulté
Nombreuses côtes courtes et abruptes
Distance totale : 409 km

Le temps gris et froid aujourd'hui nous fait craindre le pire dans ce qui s'avère être une des sections les plus difficiles de notre voyage. Pas de côtes monstrueuses comme celle de la Madeleine hier, mais plutôt une série interminable de petites montées et descentes très raides. De plus, la 132 s'éloigne de la mer sur une vingtaine de kilomètres avant d'arriver à l'Anse-à-Valleau. Seule la très belle halte routière située en plein milieu permet offre un arrêt potentiel pour les cyclistes fatigués.

A l'Anse-à-Valleau, nous nous arrêttons juste en face d'une petite maison où un vieux monsieur se berce tranquillement. Je lui demande de l'eau et lorsqu'il m'etend dire que je ne sais pas encore où nous allons dormir ce soir celui-ci nous répond; "Il n'y a personne icitte qui va vous laisser dormir dehors!" dit-il et s'empresse de nous offrir de nous héberger pour la nuit. Je décline l'offre non sans recevoir le nom et le numéro de téléphone de son frère qui habite un des villages plus loin. "au cas ou!", nous dit-il. Un petit abri derrière le port de pêche nous permet de dîner. Un abri faisant partie du sentier international des Appalaches, dont on peut apercevoir un peu partout les petits abris pique-nique depuis Mont-Louis). Pour la première fois, je dois faire chauffer une soupe pour couper la fraîcheur du jour.

En après-midi, une fine petite pluie rend la chaussée dangereuse lors des descentes et il faut contrôler sa vitesse pour ne pas prendre de risques. Difficile à faire avec un vélo chargé et une pente de 10%! Vers 18H00, nous sommes à Rivière-aux-Renards, et la grisaille humide ne nous encourage guère à continuer pour aujourd'hui. Un motel-restaurant sera notre gîte pour cette nuit et une surprenante mais excellente bouillabaisse locale termine agréablement cette longue journée.

Photos du jour

La côte peu après Petite-Vallée


Court dîner au port de l'Anse-à-Valleau


La 132 serpentant en haut des falaises peu après St-Yvon

Huitième journée - 20 août 2002
Rivière-aux-Renards - Camping Forillon
Distance du jour : 26 km
Niveau de difficulté
Quelques petites côtes
Belle vue sur la mer
Distance totale : 435 km

Petite journée, mais étape importante aujourd'hui. Ce soir nous allons camper au parc national de Forillon. La route, très jolie, longe la mer du haut des falaises et nous parcourons rapidement la vingtaine de kilomètres jusqu'à Cap-des-Rosiers et son phare. Finalement, pour Laurianne c'est l'occasion tant attendue de pouvoir enfin monter tout en haut. Et elle a bien choisi son phare, car à 37 mètres il s'agit du phare le plus élevé du Canada! Malgré ses 3 ans et demi elle gravit avec fierté la centaine de marches en colimaçon. La vue du haut du phare récompense le tout.

J'ai toujours beaucoup aimé cet endroit, qui pour moi représente une sorte d'objectif mythique du voyage, indiquant que nous avons enfin atteint le "bout du monde". Nous y passons quelques heures à nous reposer au soleil, lire un peu et écrire des cartes postales, tout comme je l'avais fait lors de mon dernier voyage ici, 11 ans plus tôt. Quand au camping, il n'y a pas beaucoup de place même en cette fin de période de vacance, mais nous trouvons tout de même un terrain semi boisé avec vue sur le cap bon ami au loin. Malheureusement, la saison des conférences en soirée vient tout juste de se terminer, ce qui nous donne une occasion de finir la journée devant un des rares feux de camp que nous ferons lors de ce voyage.

Photos du jour

La 132 vers l'ouest vue tout en haut du phare de Cap-des-Rosiers


Notre camping à Forillon avec vue sur le cap Bon Ami



Neuvième journée - 21 août 2002
Camping Forillon
Distance du jour : 12 km
Niveau de difficulté
Plat mais bonne montée pour atteindre certaines sections du parc
Distance totale : 447 km

Belle journée de repos aujourd'hui. Un petit parc pour les enfants rend Lauriane tout heureuse une bonne partie de l'avant-midi tandis que papa profite de l'occasion pour lire un peu. C'est fou comme ces petits moments de rien du tout nous restent parfois longtemps à l'esprit. Voyageant léger, les sacoches, la tente et le reste des équipements laissés à notre site de camping, nous prenons la route du parc vers le site du cap bon ami laissant derrière nous une courte, mais très raide (15%) côte. Au menu; promenade sur le littoral et dîner pique-nique avec vue sur les falaises du bout de la Gaspésie.

Tard en après-midi, après une courte visite centre d'interprétation de l'accueil du parc, c'est à nouveau sur la très belle route du parc en direction du village de Cap-des-Rosiers que nous nous retrouvons. Ce soir on se gâte, pas de souper à faire, nous mangeons à un petit restaurant dont j'ai oublié le nom, pour en sortir au coucher du soleil. Lauriane est déjà endormie à peine sortie du village. Le retour au crépuscule sur une route quasi déserte est magique et je me perds dans mes pensées, j'étire et je savoure lentement ce moment présent qui me rend si heureux.

Photos du jour

Journée de repos au phare de Cap-des-Rosiers

Dixième journée - 22 août 2002
Camping Forillon - Cap-aux-Os
Distance du jour : 21 km
Niveau de difficulté
Bonne montée pour traverser l'épine dorsale du parc
Distance totale : 468 km

Aujoud'hui il fait un superbe temps, décidément nous sommes très chanceux depuis notre départ de Mont-Joli! La dernière nuit de camping du voyage est maintenant derrière nous. Direction plein sud sur la route qui traverse le parc. Une série de bonnes montées nous attend. Comme d'habitude, Lauriane me chante des chansons pour m'encourager dans mes efforts et nous sommes rapidement rendus tout en haut sur la crête qui sépare le bout de la péninsule gaspésienne. Descente vertigineuse et très rapide jusqu'au croisement avec la route de Cap Gaspé. Nous arrivons enfin vers 13H00 à l'auberge de jeunesse de Cap-aux-Os, essentiellement vide en cette fin de mois d'août.

Je trouve une petite ferme quelques kilomètres à l'ouest qui offre des tours de poney. Qu'elle est fière cette petite Lauriane avec son casque de vélo sur sa jolie monture! Une petite sieste en après-midi et un bon souper à l'auberge nous laissent une longue soirée de libre que nous passerons à arpenter une petite plage tout près. Encore de beaux moments passés ensemble; chasse aux coquillages, méduses échouées et châteaux de sable. Une belle étrangère rencontrée par hasard sur la plage se joint à nous. Elle fait seule le tour de la Gaspésie en voiture et tout comme moi est bien heureuse de profiter d'un peu de bonne compagnie pour briser sa solitude.

Photos du jour

En après-midi, petite randonnée à dos de poney près de Cap-aux-Os

Onzième journée - 23 août 2002
Cap-aux-Os - Cap bon ami - Cap-aux-Os
Distance du jour : 31 km
Niveau de difficulté
Nombreuses côtes courtes et pentues
Distance totale : 499 km

Ce matin nous sommes tôt sur la route vers Cap Gaspé pour aller faire une excursion aux baleines. La route, qui monte et s'accroche sur les hauteurs de la fin de la chaîne des Appalaches offre un bel aperçu sur l'entrée de la baie de Gaspé. Pour l'excursion, Lauriane reçoit un petit costume imperméable jaune qui lui donne un air assez coquine avec ses lunettes soleil. Malgré trois heures passées en mer au large du Cap Gaspé, pas l'ombre d'une dorsale de baleine en vue! Lauriane est déçue!!! De retour à quai, j'y aperçois un voilier amarré et bien visible sur celui-ci, son port d'attache; Montréal... Ça fait rêver...

Les quelques kilomètres de route non asphaltée qui restent nous mènent tout au bout de la Gaspésie. Nous dînons en compagnie de quelques autres touristes, un phare, une station météo et la mer bien visible sur trois côtés. Un petit sentier donne sur un très beau point de vue sur les falaises du versant nord ainsi qu'au loin, le phare de Cap-des-Rosiers où nous étions avant hier. Retour à l'auberge en soirée et nous profitons encore d'un bon souper.

Photos du jour

Lauriane au départ pour le safari baleines!


En revenant du Cap Gaspé, dans le secteur sud du parc de Forillon

Neuvième journée - 24 août 2002
Cap-aux-Os - Gaspé
Distance du jour : 26 km
Niveau de difficulté
Nombreuses côtes courtes et pentues
Distance totale : 525 km

Dernière journée du voyage! Plus qu'une trentaine de kilomètres à faire pour rejoindre la gare de Gaspé où notre train nous attend pour un départ prévu vers 14H30. Petit arrêt à la péninsule de Penouille tout d'abord, puis aux anciennes fortifications datant de la deuxième Guerre mondiale qui défendait la baie contre d'éventuelles attaques Allemandes. Ensuite la route est très facile, mais avec un peu plus de trafic. Nous entrons finalement dans Gaspé vers midi. L'après-midi est vite passé en visitant le musée de Gaspé, faisant développer les photos de la caméra jetable de Lauriane et préparer le vélo et les bagages pour le train.

Ça y est, c'est fini. Vélo et sacoches en boîte, nous profitons de cette dernière heure avant le long retour (18 heures!) vers la maison, maman et la petite soeur Marie-Pier. Le trajet emprunté par le train est très pittoresque, la voie ferrée longeant la plupart du temps la rive nord escarpée de la Baie des Chaleurs. La nuit nous retrouve couchés sur une banquette du wagon panoramique, quelque part dans les environs de Matapédia, à regarder les dernières couleurs du ciel, doucement bercé par les mouvements du train...

Photos du jour

Papa et Lauriane dans les hautes herbes de Penouille


La fin du voyage de vélo devant le train qui nous conduira à Montréal