La cinquième journée

Matin Midi Soir

18 août 1995

10 degrés Celsius maximum
Marche 9h00 à 16h00, 2h30 de pause
9.5 Km parcourus


Retour à la civilisation

Ce matin, nous partons à la recherche du sentier qui doit nous conduire jusqu'à la route 389. Bien que nous sachions où est le point de jonction de celui-ci avec la route (100 mètres au sud du ruisseau Beaupin), nous n'avons cependant qu'une vague idée d'où il commence. D'après ce qu'on nous a dit, il longe un tout petit ruisseau qui, malheureusement, possède plusieurs tributaires s'étalant sur tout le plateau, faisant le tour du Jauffret par le nord. Nous descendons alors jusqu'à la limite des arbres et suivons le bord du plateau de manière à passer à travers tous ces tributaires. La progression est rapide et nous atteignons aisément le centre de la cuvette sans croiser de sentier. Il faudra donc aller de l'autre côté et grimper sur le plateau du Jauffret.

La dernière montée de l'expédition, à travers buissons et arbustes, nous ammène sur un vaste plateau rocheux où talles de bleuets et blocs de roches se disputent la place. La priorité est tout d'abord mise sur la recherche du sentier et nous nous séparons en trois groupes de manière à maximiser nos chances de réussite. Nathalie et Eric vont vers le nord, je pars avec Mario en direction ouest vers le mont Jauffret, tandis qu'Elyse longera le bord du plateau où nous sommes situés. Nous avancons tout d'abord à travers une cuvette boueuse menant à une petite vallée très encaissée, (100 mètres de largeur par 50 mètres de hauteur), qui nous sépare du mont Jauffret lui-même. Hmmm... On n'a encore rien vu qui ressemble de près ou de loin à un sentier et ça ne nous tente vraiment pas de monter jusqu'au sommet du Jauffret...

De minuscules caïrns sont enlignés sur la crête de la colline devant moi. Les voyez vous?
On entend gueuler! Ils ont dû trouver le sentier! Nous nous élançons en direction du son. On peut apercevoir Elyse gesticuler et nous montrer du doigt deux minuscules silhouettes revenant du plateau juste au nord d'où nous sommes... C'est Eric et Nathalie qui, par signes, nous indiquent le plateau derrière eux. Nous voyons maintenant! Au loin, minuscule sur la crête, il y a une chaîne de caïrns: le sentier! Maintenant que c'est réglé, nous passons tous à la bouffe et finissons rapidement les restes des dîners précédents.

Les traits tirés et les cheveux hirsutes...
En avant pour le dernier tronçon! On se dirige vers le dernier des caïrns situé sur un petit promontoire en direction du réservoir. La vue n'est pas mal, mais il semble étrange qu'une fois rendu si haut, le sentier s'arrête ici sans se rendre jusqu'en haut du Jauffret (où nous n'irons pas faute de temps) où la vue doit sûrement être bien plus belle. Un peu plus bas, le sentier est à peine visible, reflétant le fait du peu de randonneurs qui se rendent jusqu'ici. Nous suivons les marqueurs orangés qui pendent aux branches des épinettes. Simple? Ca ne nous empêche pas de suivre instinctivement la piste plutôt que ceux-ci et de nous retrouver dans un cul-de-sac au milieu d'une tourbière! Par la densité des traces de pas que l'on peut voir, nous ne sommes apparement pas les seuls à s'être trompés de la sorte!

Très courte pause dans la
forêt dense du sentier de retour.
On fait une pause anti-mouches dans une clairière rocailleuse car juste devant nous le sentier semble maintenant s'engager dans une forêt compacte et sombre. Les mouches nous attendent de pied ferme dans cette forêt dense où ne pénètre ni soleil ni vent, et le retour par celle-ci se fait en quatrième vitesse... Nous parcourons en 2h00, sans arrêter, les 6 kilomètres de ce sentier boueux et accidenté. Arrivé à la route, nous sommes heureux de voir que la camionette est là, ayant été conduite à cet endroit par le guide que nous avions rencontré la veille du départ. Pendant que nous attendons Eric et Elyse, 5 (!) voitures nous croisent en 15 minutes sur cette route perdue. Aucun problème pour faire du pouce! Il faut cependant dire que c'est vendredi soir.

Après avoir frolé la catastrophe, lorsque dépassés dans un tournant par un fou imbécile qui conduisait son dix roues à 120 km\heure, nous retournons aux refuges du camp Nomade. C'est pour nous le grand luxe après cinq jours dans la taïga. On peut enfin relaxer au sec, à l'abri du soleil, des mouches et du vent!


© 1995 Benoit Girard. Toute reproduction interdite sans consentement écrit de l'auteur