Troisième journée, le mont Logan

Matin Midi Soir

22 février 1998

0 degrés Celsius maximum
Ski de 10h00 à 15h00
7 Km parcourus


La conquête du Logan

Le mont Logan
Nous nous réveillons tôt le matin. Le refuge de la Chouette où nous avons passé la nuit ainsi que celui du Nictale (50 mètres plus bas) sont admirablement situés, assez haut sur les flancs d'une large vallée et orientés vers le mont Logan. Le soleil est encore très bas sur l'horizon et devant nous se trouve une grande vallée enneigée de milliers de fantômes blancs. Celle-ci est parsemée d'arbres qui sont complètement recouvert de neige. Seules quelques branches, orientées vers le sud, réussissent à en percer l'épais manteau. Ce sont eux que nous avons apperçu hier soir. Déjà impressionant, ils n'en sont que plus fantastiques le jour venu.

Le mont Logan est directement en face. Celui-ci, même à plus de 2 kilomètres impressionne quand même par sa taille et les parois presque verticales qui l'entoure. Nous pouvons également appercevoir la route qui nous a mené à la Chouette la nuit précédente, poursuivant son traçé jusque sur le sommet de la colline d'en face et disparaître vers le mont Logan. Celle-ci est assez large et porte déjà la trace de nombreux skieurs.

Tableau hivernal vu de la Chouette
La première chose que nous faisons est la corvée d'eau. Deux équipes de deux skieurs, emportant avec eux toutes les bouteilles que nous avons, partent dans la vallée afin de localiser une source. Celle-ci se trouverait à une centaine de mètre de la piste en direction du sud, selon ce que nous ont dit les acadiens rencontrés la veille. Heureusement, les arbres sont assez espacés, ce qui nous a permis d'explorer en même temps la forêt de fantômes blancs tout en skiant dans un mêtre de poudreuse vierge!! Nous faisons rapidement le tour du périmètre de recherche, effectuant une pointe à plus de 500 mètres du refuge vers un lac que nous avons apperçu sur la carte topo. Celui-ci reste inatteignable; trop loin, trop bas, de toute manière évidement gelé et recouvert d'une bonne couche de neige. Cependant, la vue que nous en avons est très belle, avec des kilomètres carrés de neige vierge. Nous n'avons donc pas trouvé de point d'eau à proximité et avons dû finalement faire fondre de la neige, ce qui a pris pas mal de temps.

Chantal et Dominique avec les fantômes
L'équipe part enfin pour le Logan vers 11H00, allège, en n'emportant seulement que le strict nécessaire; soit le dîner, les peaux et quelques cires pour le ski. Le soleil est éblouissant, (les lunettes sont à l'honneur!), pas la moindre brise, pas un bruit ne vient troubler notre progression. Les pauses photos sont nombreuses, personnes d'entre nous n'a encore eu la chance de se trouver au milieu d'un tel panorama. Nous atteignons rapidement la base du Logan après une longue descente facile. La neige est profonde et un peu croutée en surface, ce qui la rend abrasive et fait que les cires ne tiennent pas longtemps sur les skis. Les peaux sont donc rapidement mises en place et l'équipe commence l'abrupte montée en file indienne, la pente atteignant facilement plus de 45 degré par endroit. Sans aucun arbres pour bloquer la vue, celle-ci est impressionante et on peut facilement voir jusque dans le fond de la vallée, quelques centaines de mètres plus bas. On a l'impression de se tenir dans le vide!!

Elyse parlant au maître des lieux
Le sommet est atteint vers 12H30. Nous y passerons près d'une heure a contempler le paysage, assis dans la neige à coté de la cabane contenant les instruments météorologiques qui parsème le sommet. On peut voir le fleuve et les montagnes de la Côte Nord au loin ainsi que les plus hauts monts des Chic-Chocs; Albert, Jacques-Cartier, plus à l'est. Nous y rencontrons même des gens qui ont passé la nuit dans le refuge (relai sur la carte?!) du mont Logan... Les chanceux ont pu voir tout un coucher de soleil hier soir!!! La prochaine fois on y réservera une place.

Le retour au refuge n'est qu'une formalité, exception faite de la descente abrupte qui ressemble plus au ski alpin qu'au ski de randonnée. Pas moyen de faire du télémark, la neige soufflée par le vent étant trop dure pour des skis sans carres métalliques (Seules Martine et Annie en possèdent). Une merveilleuse journée que tous se souviendrons très longtemps et qui pour moi est la raison principale qui fait que je sais que j'y retournerai un jour... Nous nous couchons tôt; Martine, elle, dormira à la belle étoile, emmitouflée dans son sac -30 Celsius reposant dans un trou creusé en face du refuge, car une longue journée nous attend demain alors qu'il faudra retourner au Huard et quitter ce paradis.



© 1998 Benoit Girard. Toute reproduction interdite sans consentement écrit de l'auteur