La première journée

Matin Midi Soir

14 août 1995

30 degrés Celsius maximum
Marche de 11h00 à 17h00, 1h30 de pause
5.5 Km parcourus


L'ascension

Les refuges du Camp Nomade
Depuis le refuge du camp Nomade, le sentier monte tranquillement à travers une forêt de grandes épinettes. Tout ici est détrempé. Nous pataugeons le plus souvent dans la boue glissante et les arbres sont malheureusement trop éparpillées pour nous couvrir du soleil. Celui-ci règne dans un ciel sans nuages et il fait maintenant au moins 25 degrés celsius. Nous suons tous à grosses gouttes sous l'effort et le poid de nos sacs à dos remplis à craquer. A chaque pause les mouches noires en profitent pour nous souhaiter la bienvenue, ce qui réduit d'autant la longueur de celles-ci.

Nathalie et Eric au pied du plateau
Après deux heures de montée tranquille, nous arrivons au lac Castor situé juste au pied du premier plateau. Devant, de l'autre coté du lac, nous pouvons apercevoir le début des sommets dénudés. Une plate-forme en bois, utilisée par les campeurs pour y monter leurs tentes, nous permet de nous reposer au sec et nous en profitons pour y diner à l'abri du soleil et des mouches noires. Tout autour pousse de la plaquebière. (Un fruit ressemblant à une grosse framboise jaune et qui ne pousse que dans la taïga au nord du 50 ième parallèle). Mario en goûte une... et la recrache aussitôt! Il faut dire que c'est la fin de la saison et que la plupart sont un peu mûres!

Enfin arrivés sur le plateau... Quelle vue!!
C'est en croisant enfin la limite des arbres que nous commençons à monter sur du roc entouré de mousses sèches comme du lichens qui crispent sous nos pas. Le décor qui s'offre à nous est fantastique. On peut apercevoir nettement la forme circulaire du réservoir Manicouagan. Il est immense. Nous n'arrivons qu'à en distinguer le quart dans notre champ de vision et le demi-anneau que nous pouvons voir semble remplir tout l'horizon. Une heure plus tard, nous arrivons sur le sommet du plateau. La simple beauté du lieu nous empêche de continuer et, malgré que nous sommes encore à 3 kilomètres de notre campement planifié, décidons de nous arrêter ici pour la nuit.

Elyse minuscule devant l'imensité du paysage
A la soupe!!! Pas nous... Nous sommes la soupe! Vers 18h30, les mouches noires, qui étaient présentes mais supportables jusque là, redoublent soudainement d'activité, et ce en même temps que le vent nous laisse tomber. Première sortie des filets. C'est quand même très surprenant de les voir ici, à cette altitude, et en si grand nombre. Après avoir monté les tentes, je me couche sur une roche et admire le paysage. Ceci me calme malgré l'incessant tournoiement des mouches autour de moi. En un coup d'oeil, il doit bien en avoir au moins une trentaine juste devant mon visage. On s'y habitue rapidement... jusqu'à ce que l'une d'entre elles nous apparaisse hors focus! GRRR!!! Elles trouvent toujours le moyen de se faufiller n'importe où celles-là!

Non, ce ne sont pas des taches sur la pellicule...
Pas moyen de manger en paix. Suivant l'initiative de Nathalie, nous nous réfugions à cinq dans ma tente, à déguster un super-spaghetti. On ne sort que vers 21H30. La nuit recouvre lentement le ciel et l'horizon est de feu. Plus de traces des mouches, disparues aussi soudainement qu'elles étaient apparues. Ma dernière vision de la journée est celle d'une magnifique aurore boréale dansant au dessus de nos têtes. Je suis très heureux... Demain, c'est vraiment loin.


Commentaires

Il y'a de l'eau en quantité, sous la forme de petits étangs, sur les plateaux. C'était là une de nos principales inquiétudes. Il aurait été chiant de devoir redescendre une centaine de mètres pour aller chercher de l'eau dans les vallées.

Même si vous avez prévus de couvrir plus de distance cette journée-là et surtout si la météo le permet, ça vaut la peine de s'arrêter sur le plateau pour y dormir. Le paysage y est vraiment exceptionnel.

Des mouches!!! A cette altitude?! Et dans une région balayée par les vents, sans le moindre arbre! Hmmm... Ça doit pas être beau à la mi-juillet.



© 1995 Benoit Girard. Toute reproduction interdite sans consentement écrit de l'auteur