La deuxième journée

Matin Midi Soir

15 août 1995

15 degrés Celsius maximum
Marche de 12h30 à 16h00, 0h30 de pause
5.5 Km parcourus


En route pour le Verrier

Il est 13H00 et nous venons de partir...
Nous partons tard... très tard. Le départ pour le mont Verrier n'est donné seulement qu'à 12H30! Heureusement, un fort vent venant du sud nous débarrasse des mouches noires. On a déjà été assez traumatisé hier soir... Pas de Off, ni de filets de la journée, c'est déjà ça de pris. Bien que le temps est sombre, le moral quant à lui demeure bon et nous suivons lentement les caïrns de la piste menant au lac Quintin. Le sentier est facile et bien tracé, ce qui nous permet d'avancer rapidement.

Paysage fantastique. Nous suivons les caïrns du sentier du Lac Quintin. Devant nous au loin, le Mont Verrier.
Après un kilomètre, nous faisons le point devant l'immense paysage qui s'ouvre devant nos yeux. La piste bifurque maintenant vers le sud, pour finir sa course au lac Quintin, ce qui est directement à l'opposé de la direction ou nous devons aller. Il est temps de quitter cette piste et de voler de nos propres ailes! C'est pour nous le début de la "vraie" expédition. Chacun s'amuse à "faire le point" et tente de nous situer sur la carte, ce qui est très rigolo. Nous quittons ensuite définitivement le sentier et naviguerons désormais exclusivement à l'aide de la carte topo. Pour l'instant, les vastes étendues dénudées des plateaux nous permettent de voir très loin, (en fait, on distingue nettement le mont Verrier avec sa tour radio), et l'orientation est relativement aisée et se fera exclusivement à vue.

Nous quittons le sentier. L'Aventure commence!!
Première constatation importante; Marcher dans la mousse et le lichen ressemble beaucoup à marcher dans la neige. On s'enfonce et c'est forçant. De plus, mais ça c'est positif, il y a des bleuets partout, ce qui est bien apprécié lors des pauses! Nous atteignons ensuite l'endroit où nous devions camper la nuit dernière. Une magnifique petite vallée tapissée de longues herbes, avec un petit ruisseau et un forêt d'épinettes très clairsemée. Magnifique oui, mais pas autant que l'emplacement de la nuit dernière et certainement encore plus "moucheux". Nous avons donc fait le bon choix hier.

Progression facile dans une vallée perdue
Il faut maintenant escalader une colline de 150 mètres s'interposant entre nous et le mont Verrier, garnie ça et là de falaises qui, malgrées leurs petites tailles, n'en demeure pas moins des obstacles infranchissables. Les endroits où l'on peut espérer monter sans trop de peines sont rares. Changeant de plan, nous décidons de tenter de la contourner en partie. Ceci est rendu un peu délicat par le fait qu'il faut marcher avec une inclinaison de travers d'une trentaine de degré. Car en bas, là où le sol revient au niveau, il y a une espèce de marécage peu invitant. La pente s'accentue rapidement et il vient un moment où monter est moins fatiguant que de marcher à flan de montagne. Il y a là justement un sillon entre les falaises qui nous permet de nous rendre sur le sommet.

Arrivés en haut, tout n'est que mousse et arbustes, certains atteignant une hauteur appréciable de près de deux mètres. Nous sommes tous très fatigués et il est maintenant clair que l'ascension du mont Verrier ne se fera pas aujourd'hui. De toute facon, les nuages commencent vraiment à être menaçants, tournant au gris foncé et au noir. Nous décidons de camper juste ici, dans les arbustes, à l'abri du vent. Choix judicieux! Car les tentes sont à peines montées qu'une pluie diluvienne s'abat sans crier gare et nous clouent à l'intérieur pour le reste de la soirée. J'en profite pour dormir un peu.

Quelques heures plus tard, nous nous réunissons tous à nouveau dans ma tente pour partager le repas et parler de l'expédition. La pluie s'est arrêtée et a été remplacée par un épais brouillard. On ne voit pas à dix mètres. De plus, nous sommes à près de 5.5 kilomètres de l'emplacement prévu pour ce soir. En plus de ne pas rattraper le retard de la veille, nous en avons pris encore aujourd'hui. Le moral du souper précédent à passablement tombé et on discute maintenant ouvertement de la faisabilité de compléter l'expédition dans ces conditions. Cependant, personne ne veut rebrousser chemin sans avoir vraiment tout essayé. Nous écourterons la route prévue de quelques kilomètres et nous nous entendons pour donner un grand coup demain. Réveil planifié à 6H00. Tout dépend maintenant de la température qu'il fera.

Commentaires

L'orientation est vraiment facile, surtout sur les plateaux. Même les forêts des vallées, qui ne sont en général que taïga espacée, ne présentent aucun problème à ce niveau.

Dès qu'il vente le moindrement, toute trace de mouches disparaît. Elles ne sont présentes que lors des montées situées sur les cotés des collines à l'abri du vent. Là où le tempo de marche est plus lent.

Les distances sont trompeuses dans un paysage dénudé d'arbres! La traversée du plateau situé immédiatement après avoir quitté le sentier nous prend une éternité alors qu'il semble qu'on peut presque en toucher le bout avec la main.

Marcher hors sentier demande non seulement beaucoup plus d'énergie mais prend également beaucoup plus de temps. Notre vitesse moyenne en terrain accidenté est inférieure à un kilomètre par heure.



© 1995 Benoit Girard. Toute reproduction interdite sans consentement écrit de l'auteur