La quatrième journée

Matin Midi Soir

17 août 1995

10 degrés Celsius maximum
Marche 9h00 à 16h00, 2h30 de pause
8 Km parcourus


Facile, facile...

Ce matin on gèle!! Il y a un brouillard épais et humide qui recouvre le plateau. On devine plus qu'on ne discerne tout ce qui se trouve à plus de trente mètres. Après avoir déjeuner en quatrième vitesse, nous partons sous la pluie battante, qui heureusement ne dure pas longtemps. Malgré cela, pas une seule de nos bottes ne reste sèche et bientôt nous pataugeons tous dans nos bas. Heureusement, cette pluie chasse quelque peu le brouillard! Vraiment pas évident de s'orienter lorsque on ne voit rien à cinquante mètres...

Les distances sont trompeuses dans la taïga espacée. Les montagnes à gauche sont à 4 kilomètres de nous.
Nous traversons rapidement le plateau. Le terrain est relativement plat, et seule la mousse imbibée d'eau nous ralentit un peu. On commence à apercevoir une tour à feu sur la montagne d'en face, qui est à une altitude pas mal plus élevée que celle à laquelle nous nous trouvons. C'est vers elle que l'on s'enligne pour la traversée de la vallée qui sépare nos deux plateaux. Ca va bien. Je commence à m'habituer au poids de mon sac à dos et de la marche dans la mousse épaisse. Ca fait déjà une demi journée que l'on marche et contrairement aux jours précédents, je n'éprouve aucune fatigue apparente.

Nathalie en direction de la tour à feu.
Vers midi, le soleil nous revient de temps en temps, en même temps que débute l'ascension de la montagne sur laquelle trône la tour à feu. Cette face est entièrement à l'abri du vent et ca nous donne une idée précise de ce que serait notre expédition par calme plat! En effet, une nuée de mouches nous escorte tout au long de la montée et on se dépèche pour arriver en haut le plus vite possible. C'est fou le surplus d'énergie qu'elles nous apportent!!! On s'écroule sur une grosse roche dès qu'on arrive sur le plateau, balayé par un fort vent. Endroit idéal pour dîner. C'est juste un peu épeurant de voir la grosse nuée de mouches qui tournoie à quelques mètres derrière nous dans une zone à l'abri du vent...

Nous faisons le point pour la dernière fois de la journée. Le lac en bas sera notre site de campement pour la nuit.
Après une demi-heure de montée nous voilà rendus au sommet à coté de la tour à feu. C'est une construction en métal avec une vieille cabane en bois sur le dessus. Eric et Mario y montent, mais ca ne m'inspire pas trop confiance. Je reste en bas avec les filles et me bourre de bleuets tout en admirant le paysage. On peut maintenant bien voir le mont Jauffret, ainsi qu'une immense vallée descendant en pente douce vers le réservoir. Tout cela est magnifique sous le soleil et nous restons au moins une heure là-haut. Un coup d'oeil sur la carte et nous repartons vers ce que nous pensons être un bel emplacement pour passer la nuit. Une demi-heure plus tard nous arrivons dans une petite vallée avec un superbe lac. Tout le monde pense la même chose et on commence à monter les tentes. De plus, il vente juste assez pour chasser les mouches et l'eau clair du lac est très invitante malgré sa température glaciale. Cela n'empêche pas Eric, Nathalie et moi de faire une rapide trempette! Ca fait du bien après 4 jours de sueur, de mouches et de Off!

Pour la première fois depuis le début de l'expédition, nous pouvons prendre le temps de relaxer après la journée de marche. Les jours précedents avaient été si durs que c'était pour nous bouffe et dodo rapidement enchaînés. C'est également notre dernière nuit sur les plateaux. Je sors à la brunante pour admirer les reflets orangés que fait le soleil couchant sur les murs de pierres qui nous entourent et profite du profond silence qui anime ces lieux. Il ne reste déjà plus qu'une seule journée à l'expédition...

Commentaires

Nous avons aperçu de nombreuses traces de caribous fraîches, gravées dans les tourbières humides. C'est malheureusement la seule partie de cet animal que nous verrons de toute l'expédition.

Nous avons été chanceux de ne pas avoir de brouillard toute la journée. J'imagine sans peine que ça doit être très facile de perdre sa position par rapport à la carte dans ces conditions. Surtout sur le plateau où nous avions dormi car il n'y avait que très peu de relief et à courte distance la taïga se ressemble peu importe où l'on se trouve...

La tour à feu, bien que visible de très loin, n'est (étrangement) pas indiquée sur les cartes topos. Ses coordonnées sont approximativement 52 Degré 37' Nord et 68 Degré 04' Ouest, ce qui la positionne à quelques kilomètres à l'est du mont Jauffret.



© 1995 Benoit Girard. Toute reproduction interdite sans consentement écrit de l'auteur