-12 degrés Celsius maximum Ski de 9h00 à 18h00. 1h00 de pause. 18,2 Km parcourus
Dans la neige folle jusqu'aux genoux
Il ne faut surtout pas essayer de sortir du sentier!!!
Nous partons tôt le matin et longeons pendant environ une heure la rivière Malbaie. Il fait un temps superbe, froid mais sans vent. Nous sommes maintenant dans une section du sentier qui n'a pas été ouverte de la saison, même par les motoneigistes. Il faudra ouvrir toute la journée dans la poudreuse jusqu'au mollet, souvent jusqu'au genoux. Après un peu plus d'un kilomètre nous atteignons une petite rivière qui se jette dans la rivière Malbaie. Le pont qui l'enjambe est enseveli sous un mètre de neige et est partiellement démoli. Il faut enlever les skis, passer le pont en s'aidant de ceux-ci comme appuis et les remettre ensuite. Un petit rituel qui, multiplié par 8, nous fait perdre presqu'une demi-heure.
Superbe montée peu de temps après le refuge du Prophète
Le sentier commence à monter lentement dès que l'on quitte la rivière et que l'on se dirige vers l'ouest. Nous skions tout d'abord à travers une forêt dense pour ensuite terminer la montée en travers d'une pente dégarnie. Il semble y avoir eu ici un feu. On devine sous la neige l'emplacement des arbres couchés tandis que ça et là des troncs brisés et calcinés s'élancent vers le ciel. Tout en haut, en regardant derrière nous, on peut deviner l'endroit où coule la rivière Malbaie ainsi que voir la montagne que nous avons descendus hier soir et le versant est des Hautes-Gorges. Devant nous, Blaise, Luc et Eric se relaie à toutes les cinq minutes pour ouvrir la piste. Quant à moi je continue de fermer la marche avec Elyse. Mes blessures aux talons ne semblent pas vouloir guérir rapidement. Comment le pourraient-elles d'ailleurs avec ces longues journées de skis? Chaque pas me fait souffrir énormément et la seule pensée de devoir faire encore plus de 15 kilomètres dans ces conditions me décourage.
Le traditionnel dîner.
Le dîner est assez court aujourd'hui. Il fait maintenant plus froid et on ne peut plus s'attarder plus de 15 minutes à la fois sans commencer à avoir geler. C'est à ce moment que la fixation d'Eric nous laisse tomber à nouveau et que Blaise, Luc et Jacynthe s'arrêtent pour lui porter secours. Cette fois ci elle est complètement détachée du ski. Heureusement que nous avons tout ce qu'il faut pour faire une réparation de fortune! Malgré cela nous aurons tous, pour le reste de la journée, une petite inquiétude derrière la tête quant à la condition de la fixation. La réparation doit tenir car il est absolument hors de question de se déplacer ici sans skis. Comme il nous reste encore beaucoup de kilomètres à faire je décide de continuer avec Elyse, Julie et Denis. Le groupe se sépare en deux. C'est peut-être dangereux, mais il est certain qu'à quatre ils trouverons une solution et de toute manière nous ne pourrons progresser très rapidement et ils vont nous rattraper assez facilement si le besoin se fait sentir. C'est la première fois que je participe au relais pour ouvrir la piste. Chacun reste en tête le plus longtemps possible, certains quelques secondes, d'autres allant jusqu'à plusieurs minutes. Bien qu'absolument crevant, la sensation d'être le premier skieur de l'année à fouler le sentier et le fait de voir devant soit une étendue intacte de neige vierge nous pousse à aller chercher au fond de nous même le petit surplus d'énergie nécessaire à la progression.
Très difficile physiquement.
Montagnes russes en longeant les pylônes.
La journée s'achève lentement lorsque les autres nous rattrapent. Nous sommes maintenant huit à faire le relais, ce qui nous fait penser à des cyclistes en compétition, se relayant tour à tour devant pour fendre le vent. La température descend en même temps que les dernières lueurs du soleil et les étoiles seront désormais nos compagnons de route. Le sentier croise une piste de motoneige alors que le refuge n'est plus qu'à quelques kilomètres. Ceci nous fait tous sauter de joie!!! Malheureusement l'espoir est de courte durée car le sentier de la Traversée entre de nouveau dans le bois et recommence à monter en plus... Encore une fois c'est à la frontale que nous finirons les derniers kilomètres. Une première cependant; Nous arrivons tous en même temps au refuge (garage!) Maltais vers 18H00. Il y a tellement de neige qu'il faut dégager la porte en creusant avec nos main avant de l'ouvrir. De plus, la toilette est à une trentaine de mêtre derrière le refuge et Denis aura de la neige jusqu'à la taille en se frayant un chemin vers celle-ci. Le refuge est un espèce de garage, ou de hangar, trop gros et mal isolé. Nous passerons une nuit très froide. Demain l'équipe se sépare.