La quatrième journée

Matin Midi Soir

31 décembre 1995

-10 degrés Celsius maximum
Ski de 9h00 à 18h00. 1h00 de pause.
18,2 Km parcourus


Magie de la veille du jour de l'an

Denis au point de vue surplombant le Bihoreau.
Il fait plus froid ce matin, mais quelle belle journée!! Nous partons alors que le soleil commence à peine à éclairer le fond de la vallée où nous nous trouvons. Immédiatement après avoir contourné le lac du Bihoreau nous commençont à monter à travers une forêt décimée. Arbres tombés et troncs brisés nous laissent cependant la vue libre et nous pouvons alors admirer toute la splendeur de l'emplacement où est situé le refuge du Bihoreau. Pas à pas le lac et le refuge deviennent de plus en plus petit tandis que, tout autour, les sommets hérissés de conifères blanchis contrastent bruyament avec le bleu sombre du ciel.

Eric et Jacynta, montant vers les sommets enneigés.
Je ferme la marche avec Elyse, mes bottes neuves m'ayant causées d'affreuses plaies aux talons lors des premières journées. Après un sous-bois compact d'où nous ne pouvons pas réellement nous rendre compte que nous sommes tout près des sommets, nous débouchons sur une petite clairière où l'on peut appercevoir directement en face un flanc de montagne complètement blanc. Nous rattrapons le reste du groupe pendant que ceux-ci font le point (accompagné d'une petite pause photo) sur ce qui ressemble à un très petit chemin recouvert de neige vierge. Personne n'est manifestement passé par ici depuis le début de l'hiver! Une petite montée nous attend encore mais on voit bien que le sommet est tout proche. La végétation est formée de petits arbres recouvert d'une couche de neige glacée et nous nous engageons maintenant dans le décors fabuleux d'une forêt sculptée à même la neige qui luit de mille feux sous les rayons du soleil. Il est presque midi lorsque nous arrivons au premier des trois points de vue qui jalonnent cette courte section de la Traversée.

Vision fantastique des Hautes-Gorges en hiver.
Au loin, à quelques kilomètres devant nous, se trouve les Haute-Gorges de la Malbaie, tel une immense crevasse fendant les montagnes. Nous distinguons parfaitement la rivière Malbaie tout au fond, le lac ainsi que les parois gelées du mont Acropole, où nous sommes déjà monté au printemps 1994. C'est un spectacle grandiose que nous prennons soigneusement le temps d'admirer et d'immortaliser sur pellicule! A partir de ce point, nous suivont le chemin et redescendons vers la vallée. Du dernier point point de vue, situé juste avant la descente, nous voyons les innombrables montagnes enneigés qui comme des vagues semblent vouloir nous submerger... C'est dans cette direction que nous allons continuer notre périple. La pente est assez raide mais la neige épaisse nous ralenti au point de rendre la descente assez facile. Etrangement, le skieur de tête a ici plus de facilité que le dernier skieur, qui lui doit tenter de se ralentir avec les quelques centimètres de neige écrasée que les autres lui ont laissé!. Nous rejoignons ainsi rapidement le sentier principal. La boucle panoramique est terminée. Elle n'est pas très difficile, (Il faut dire que les conditions de neiges et de température étaient excellentes), et nous présente de loin les plus beaux paysages de la Traversée jusqu'à ce jour.

Perdus dans une mer de montagnes.
C'est sur les traces profondes d'une motoneige que nous continuons sur une douce et longue descente. Certains ne sont pas très à l'aise ici et de nombreuses chutes font perdre beaucoup d'énergie et un peu de temps. Il faut dire que ce n'est pas très évident de skier dans un sillon de moins de deux mètres de large et de 50 centimètres de profond. Pas beaucoup de place pour faire du chasse-neige!! Il faut alors placer un ski au centre de la piste et se servir de l'autre, placé dans la neige folle 50 centimètres plus haut, pour se ralentir. Ca demande un tout petit peu plus d'équilibre! De là, les kilomètres se suivent et malgré le fait que le reste du sentier est relativement facile, nous skions encore quatre heures avant d'arriver tout en bas de la vallée sur le chemin qui mêne au coeur des Hautes-Gorges, quelques centaines de mètres avant le pont qui enjambe la rivière Malbaie. La route, très large, est déblayée et porte les traces du passage de nombreuses motoneiges. Nous arrêtons tout de même quelques minutes sur le pont pour regarder le paysage avant qu'il ne fasse vraiment trop noir. La rivière n'est que partiellement gelée, laissant voir un fort courant dont le bruit résonne agréablement à l'oreille et rappelle les mois d'été.

Une veillée du jour de l'an comme dans le bon vieux temps...
Elyse, Blaise et moi arrivons les derniers au refuge, situé à un kilomètre après le pont. Très beau refuge en bois rond mais que c'est petit! Juste la place pour un poêle à bois, une table de picnic au centre et quelques bancs près des murs. Une courte échelle mêne au grenier (celui-ci servant de dortoir) et où il fait maintenant encore tout près de zéro Celsius... C'est ici que nous allons passer une courte mais chaleureuse veillée du jour de l'an! Une bonne bouffe où on se permet de relaxer un peu tandis que Denis s'improvise photographe et que Luc commence les chansons. Le traditionnel décompte des secondes avant la nouvelle année ne précèdera cependant que de peu l'heure où l'on se couchera. Il y a demain une autre grosse journée qui nous attend...




© 1996 Benoit Girard. Toute reproduction interdite sans consentement écrit de l'auteur