Drapeau du NépalKathmandu, Népal
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Kathmandu - 3,4 avril 2000

La Stupa de Bodhnath et ses drapeaux de prières flottant au vent.
La gang sur la terrasse. Nos premiers moments paisibles depuis notre arrivée à Kathmandu.


Gros plan sur le haut de la structure. On peut y voir clairement les yeux peints.
C'est après 24 heures de vol, incluant une très brève escale de nuit à Bangkok où nous avons dormi à peine quelques heures dans un très chic hôtel, que nous arrivons enfin à Kathmandu. L'entrée au Népal se fait à pas de tortue. Nous attendons en ligne plus d'une heure à la douane Népalaise de l'aéroport, où cinq fonctionnaires y travaillent sans empressement (il y a celui qui vérifie le passeport, celui qui estampille le visa, celui qui rend la monnaie, celui qui vérifie l'estampille et enfin celui qui regarde les autres travailler...) 50$ US vous donne enfin le droit d'entrer au Népal. Le choc est immédiat, les mendiants attendant les touristes dès la sortie de l'aéroport. Ils s'offrent pour porter nos bagages, ce que nous refusons poliment sur les conseils de notre guide. Rien à faire! "Le mien" (chacun de nous se faisant suivre par son vis-à-vis Népalais), me suis jusque dans l'autobus, la main collé à mon sac que je transporte sur un chariot. Il faut le mettre à la porte, pratiquement de force, et même après avoir fermée celle-ci, le pauvre hère continue de demander de l'argent le nez collé à la vitre... Le spectacle m'attriste et me voilà directement confronté avec la dure réalité de ce pays. Des fenêtres de l'autobus qui nous amènent, fatigués, jusqu'à l'hôtel Vaishalia dans le district de Thamel, nous vivons notre premier contact avec une ville du tiers-monde; fourmilière humaine, chaos total, distribution inégale des richesses et pollution omniprésente. Quelques heures plus tard, après une mémorable course en taxi à travers la dense circulation de la ville, nous nous retrouvons tous à la stupa de Bodhnath, dont la blancheur tranche nettement avec le ciel bleu. C'est une immense structure pleine au centre d'une paisible place circulaire. Des Népalais, ainsi que quelques moines bouddhistes, en font le tour faisant tourner les nombreux moulins à prières incrustés dans le mur extérieur. Tout en haut, de grands yeux peints nous regardent, visibles juste en dessous de la coupole dorée. La tranquillité relative des lieux commence à me rassurer quelque peu. C'est là que, prenant un verre sur une terrasse avoisinante d'où a été prise les photos, nous faisons plus ample connaissance avec le reste de l'équipe.

Carrefour de Thamel, avec son stand à Rickshaw. Malgré que le trafic n'est pas encore sévère de si bonne heure, notez la moto qui vient tout juste d'éviter le cycliste!

Scène de rue typique de Kathmandu. Nous sommes ici dans le district de Thamel, où loge la plupart des touristes (incluant, c'est un peu difficile à croire, quelques rares hippy rescapés des années 70, avec barbes longues grisonnantes et chemises fleuries!). Les rues y sont étroites, non asphaltées, et on y voit pratiquement pas de voitures. Heureusement! Car celles-ci sont déjà encombrées de commerçants, de vélos, de motos, de touk-touk (sorte de petits véhicules à trois roues bruyants et polluants) et de rickshaw (taxis-vélos colorés que l'on peut voir sur la photo). Le tout se promenant d'une façon chaotique, obéissant selon des règles qui, pour nous étrangers, restent encore obscures. Il n'y a pas de panneaux d'arrêt, ni de feux de circulation. L'endroit est très commercial tout de même, et on y retrouve le même type de boutiques, vendant les mêmes produits pour touristes, se répétant ad nauseum à tous les 50 mètres. Mais on oublie rapidement car le dépaysement est à peu près total. Le coût de la vie y est ici ridiculement bas pour nous, même tenant compte de la surenchère due au tourisme; 600 roupies pour un loyer mensuel ($9 US), 20 roupies pour une course de 30 minutes en rickshaw (30 cents US). C'est même un peu déroutant au tout début et les Népalais le savent bien... (J'ai déjà payé 125 roupies pour 15 minutes de rickshaw. Je n'avais pas le goût de marchander, ça m'apprendra!). Même les billets de banque suivent la règle, toutes les coupures de plus de 25 roupies étant pratiquement impeccables tandis que celles des dénominations plus petites, tellement utilisées, sont noires de saletés au point d'être illisibles.
En direction de Durban Square. Le conducteur de la moto porte un masque tellement l'air est pollué. La femme du centre porte le costume traditionnel très coloré.


La pollution atmosphérique est très présente à Kathmandu. C'est d'ailleurs une des premières constatations que l'on fait en arrivant. L'odeur de monoxide de carbone, mélangée à celle des immondices un peu partout dans les rues est assez forte. Cependant, on s'y habitue rapidement, et ce malgré le fait que plusieurs Népalais, eux, se promène avec des masques en tissus placés devant le nez et la bouche. Nous marchons donc tôt le matin afin d'éviter, en plus de la pollution, le soleil de plomb ainsi que la foule de la journée. La ville encore endormie laisse ainsi mieux découvrir les tâches routinières de ses habitants, dont les maisons (le salon très souvent) donne directement sur la rue, ce qui en facilite l'observation.

Ruelle menant à un petit temple. Il y des petits commerces comme cela partout dans le dédale de rues de Thamel.
En chemin, on se fait accoster par toute sorte de personnes tentant de nous vendre tour à tour; Tiger Baum? Knife? Hashish? Guitare? Shoe Repair? Il ne faut surtout pas montrer d'intérêt, ce qui est vraiment difficile les premiers jours car on ne s'est pas encore ajusté aux tactiques des vendeurs. Et si par malheur on jette le moindre regard sur ce qu'ils vendent... Il faut alors s'attendre à subir un harcèlement en règle, qui s'il n'est pas dangereux n'en reste pas moins un tout petit peu désagréable. La suite donne alors à peu près ceci, tandis que j'essaie de me défiler dans la foule, le vendeur à mes traces avec ses couteaux Gurkha:
-"Good morning sir! Want a knife? Good quality. Gurkha knife."
-No, thank you.
-"Good price mister. Good price. Just for you!"
-No. No. No. Thank you.
-"Very cheap mister. Your price. Give me a price."
-No. I am really not interested.
-"Give me a price. Come on."
-No!
-"Come on mister. Give me a price."
-Zero.
-"900 rupees, just for you. Cheap price."
-Yeah sure... No.
-"750 rupees. Very cheap price."
-I said I AM NOT INTERESTED! Do you understand?
-"Ok. Ok. Ok... How much do you want to pay? Give me a price."
-Grrrr...

J'ai éventuellement fini par acheter un couteau... Et j'en suis très heureux! ;)

Le boucher du coin... La viande sanguinolente repose sur une table à l'air libre. Les mouches en font un festin, les Népalais également je présume.
Kiosque de légumes. Ce ne sont pas les beaux légumes parfaits et bien colorés auxquels nous sommes habitués en Amérique du Nord.

Le trajet entre Durbar Square et notre hôtel situé dans Thamel nous fait passer par des quartiers beaucoup plus authentiques. Le nombre de touristes y décroît rapidement, et cela fait tout drôle de se retrouver seuls dans un décor qui n'est pas le nôtre et où nous apparaissons de manière éclatante comme des étrangers. Les rues semblent être organisées en fonctions des catégories de biens de consommation qu'on y vend. Nous sommes ici dans le secteur de la nourriture, où toute une série de petits commerces offrent légumes, viandes, volailles et épices sur des comptoirs de fortune placés directement dans la rue. Les comptoirs de boucher sont assez impressionnant pour nous, occidentaux habitués à de la viande aseptisée, réfrigérée et scellée sous vide! De gros quartiers reposent sur des tables sales, parmi les restes séchés des jours précédents, le sang dégoulinant jusqu'au sol. De très beaux terrains de jeux pour les mouches du quartier, qui s'y donnent à coeur joie il va s'en dire.
Marchand d'épices. Symphonies de couleurs et de senteurs. Les femmes portent tous le même style de jolis vêtements colorés et finement brodés.


Il y a cependant de belles découvertes, comme les marchands d'épices qui offrent leurs marchandises à même le sol. Les fortes odeurs de curi, safran, poivre, et autres épices non raffinées remplissent la rue de leurs parfums. Une autre belle surprise également, sont les artisans du cuivre qui offrent poêles, jarres et vaisselle de cuivre travaillés à la main.

Fourmis humaines transportant des réfrigérateurs. Ouf!
Dans le secteur plus touristique de Thamel, il y a quand même beaucoup de point de repères occidentaux dont la modernité contraste violemment avec le contexte environnant. On y retrouve par exemple de nombreux points d'accès à l'internet, où pour quelques roupies à la minute on peut se replonger dans notre monde moderne. J'ai pris la décision de ne pas l'utiliser, ce qui pour moi reste quand même tout un exploit! Il faut dire que juste lire mon courrier électronique m'aurait enlevé une grande partie de la magie de Kathmandu en me projetant immédiatement dans mes tracas du boulot.

Nous partons demain matin pour Lhassa avec un court vol d'une heure au-dessus de l'Himalaya. Ce soir c'est notre dernière chance d'écrire des cartes postales pour nos amis et la famille. Après ce sera le Tibet et elles risqueraient d'arriver à destination un peu trop tard. Nous préparons également nos sacs personnels pour le Tibet. Quelques vêtements, les lourdes bottes de randonnées, l'équipement de camping et ça y est, ils sont pleins à craquer. Pour le souper, nous mangeons de nuit sur le toit d'un restaurant au centre de Thamel.

Retour à Kathmandu - 21, 22 et 23 avril 2000

Elyse avec deux sandoux.
Moi qui, en arrivant à Kathmandu il y près d'un mois, croyait être dans ce qu'il y a de plus primitif sur terre, est maintenant très heureux de revenir enfin à la civilisation après le moyen-âge tibétain. Une douche! La chaleur et la verdure! Peu après, nous engloutissons des tonnes de pizza italiennes (ainsi que plusieurs bouteilles de vin!) au Fire&Ice Restaurant au cours d'une belle soirée où chacun donne un aperçu de ses impressions. Les choses les plus banales, que nous prenons chez nous pour acquises, prennent ici un air de petit miracle... Nous finirons la soirée dans une discothèque, le X-Zone, où le prix d'entrée est un exorbitant 400 roupies, ce qui représente une semaine de salaire pour un Népalais moyen. C'est ici que le groupe commence à se séparer. René retourne dès demain au Québec, où il se promet toute une orgie de sushi.
Un Tanka. Il s'agit d'une peinture extrêmement détaillée, peinte à la main avec de la poudre d'or, représentant des divinités bouddhistes.
Le lendemain, nous assistons à une cérémonie mortuaire hindoue au temple de Pashupatinat. Pas très joli à voir, le corps du mort brûlant à l'air libre sur un feu de bois tout près de la berge d'une rivière à l'eau noire, opaque comme de l'encre et jonchée d'immondices. Je ne sais pas si ce qui m'écoeure le plus est l'odeur où les touristes regroupés au dessus des ponts, tentant de capturer l'image la plus choquante... Je préfère aller voir ailleurs et prend quand même le temps de faire une photo d'Elyse avec deux sardoux, sorte de moines hindous, qui, paraît-il, détiennent d'étranges pouvoirs magiques et vivent dans l'absolue pauvreté.




© 1995-2001 Benoit Girard. Toute reproduction interdite sans consentement écrit de l'auteur